Pour ou contre l'automédication?

L'automédication est de plus en plus en vogue au Québec. La plus grande facilité à se procurer des médicaments en vente libre et la difficulté d'accès à un médecin de famille encouragent cette pratique qui peut s'avérer dangereuse.

Dans une entrevue accordée à la Première Chaîne de Radio-Canada le 12 mars dernier, Diane Lamarre, présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), affirme qu'on «doit contribuer à ce que les gens soient un peu plus autonome au niveau de leur santé». En effet, avec la plus grande accessibilité aux médicaments, l'OPQ démontre une volonté à mieux éduquer la population en matière d'autotraitement. Cette initiative a pour but de réduire un tant soit peu le temps d'attente dans les urgences.

Mais ce procédé ne fait pas l'unanimité chez les pharmaciens du Québec. Deux pharmaciens rencontrés se sont positionnés contre cette pratique et disent encourager les gens à venir les consulter. Le pharmacien Yves Boissinot a d'ailleurs lancé : «je préfère que l'on vienne me voir en tout temps pour me demander mon avis. Je suis disponible pour ça et s’il se passe quelque chose, ce sera de ma faute». Dès lors que l'on consulte un pharmacien, ce n'est plus défini comme de l'automédication, mais c'est beaucoup plus facile d'accès qu'une visite chez le médecin.

Selon la pharmacienne Andrée Thiffault, la situation dans laquelle les gens ont le plus tendance à pratiquer l'automédication est lors de rhumes ou de grippes. Elle avertit cependant que «dans un médicament pour le rhume et la grippe, il peut y avoir plusieurs ingrédients, alors c'est là le danger». D'ailleurs, l'an dernier, deux Québécois sont morts après qu'il y ait eu interaction entre un médicament sur ordonnance et le sirop pour la toux qu'ils prenaient pour soigner leur rhume.

Le détachement du ministère de la Santé
Au Québec, l’automédication n’est pas reconnue comme dossier de santé publique et n’appartient pas à la juridiction du ministère de la Santé. Il incombe à l’Ordre des pharmaciens d’encadrer et d’informer ses pratiquants.

Sa pratique et ses conséquences, pourtant, sont de plus en plus documentées par l’Institut national de la santé publique. Une étude récente, notamment, révélait que « 24 % des intoxications [chez les enfants] sont causés par l'acétaminophène », distribué en vente libre.

Automédication et Internet
Internet joue un rôle de plus en plus important dans l’automédication. Selon Christine Thoër, responsable de l'axe Internet et santé du Réseau de recherche en santé des populations du Québec (RRSPQ), il y a trois principales utilisations d’Internet en matière de santé. La première est l’établissement d’un diagnostic. Mais, « dans ce cas, Internet ne présente pas beaucoup d'avantages par rapport à la visite à la pharmacie du coin où j'aurais de plus, la possibilité de parler à un pharmacien », précise Mme Thoër.

Elle explique que l’on peut également se servir d’Internet pour rechercher un traitement adapté à un problème qui a été diagnostiqué, voir s’il n’existe pas d’autres options de traitement ou même adapter le traitement prescrit.

Enfin, sur Internet, on peut accéder à des médicaments sans ordonnance sans passer par le médecin. Mme Thoër rappelle toutefois que l’achat de médicaments en ligne peut présenter des dangers, notamment en ce qui concerne la qualité des médicaments en question.

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Il existe une variété de médicaments en vente libre sur le marché. Il est ainsi relativement facile de pratiquer l'automédication au Québec.

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