samedi 21 avril 2012

Pour ou contre l'automédication?

L'automédication est de plus en plus en vogue au Québec. La plus grande facilité à se procurer des médicaments en vente libre et la difficulté d'accès à un médecin de famille encouragent cette pratique qui peut s'avérer dangereuse.

Dans une entrevue accordée à la Première Chaîne de Radio-Canada le 12 mars dernier, Diane Lamarre, présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), affirme qu'on «doit contribuer à ce que les gens soient un peu plus autonome au niveau de leur santé». En effet, avec la plus grande accessibilité aux médicaments, l'OPQ démontre une volonté à mieux éduquer la population en matière d'autotraitement. Cette initiative a pour but de réduire un tant soit peu le temps d'attente dans les urgences.

Mais ce procédé ne fait pas l'unanimité chez les pharmaciens du Québec. Deux pharmaciens rencontrés se sont positionnés contre cette pratique et disent encourager les gens à venir les consulter. Le pharmacien Yves Boissinot a d'ailleurs lancé : «je préfère que l'on vienne me voir en tout temps pour me demander mon avis. Je suis disponible pour ça et s’il se passe quelque chose, ce sera de ma faute». Dès lors que l'on consulte un pharmacien, ce n'est plus défini comme de l'automédication, mais c'est beaucoup plus facile d'accès qu'une visite chez le médecin.

Selon la pharmacienne Andrée Thiffault, la situation dans laquelle les gens ont le plus tendance à pratiquer l'automédication est lors de rhumes ou de grippes. Elle avertit cependant que «dans un médicament pour le rhume et la grippe, il peut y avoir plusieurs ingrédients, alors c'est là le danger». D'ailleurs, l'an dernier, deux Québécois sont morts après qu'il y ait eu interaction entre un médicament sur ordonnance et le sirop pour la toux qu'ils prenaient pour soigner leur rhume.

Le détachement du ministère de la Santé
Au Québec, l’automédication n’est pas reconnue comme dossier de santé publique et n’appartient pas à la juridiction du ministère de la Santé. Il incombe à l’Ordre des pharmaciens d’encadrer et d’informer ses pratiquants.

Sa pratique et ses conséquences, pourtant, sont de plus en plus documentées par l’Institut national de la santé publique. Une étude récente, notamment, révélait que « 24 % des intoxications [chez les enfants] sont causés par l'acétaminophène », distribué en vente libre.

Automédication et Internet
Internet joue un rôle de plus en plus important dans l’automédication. Selon Christine Thoër, responsable de l'axe Internet et santé du Réseau de recherche en santé des populations du Québec (RRSPQ), il y a trois principales utilisations d’Internet en matière de santé. La première est l’établissement d’un diagnostic. Mais, « dans ce cas, Internet ne présente pas beaucoup d'avantages par rapport à la visite à la pharmacie du coin où j'aurais de plus, la possibilité de parler à un pharmacien », précise Mme Thoër.

Elle explique que l’on peut également se servir d’Internet pour rechercher un traitement adapté à un problème qui a été diagnostiqué, voir s’il n’existe pas d’autres options de traitement ou même adapter le traitement prescrit.

Enfin, sur Internet, on peut accéder à des médicaments sans ordonnance sans passer par le médecin. Mme Thoër rappelle toutefois que l’achat de médicaments en ligne peut présenter des dangers, notamment en ce qui concerne la qualité des médicaments en question.

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Il existe une variété de médicaments en vente libre sur le marché. Il est ainsi relativement facile de pratiquer l'automédication au Québec.

Entrevue avec Andrée Thiffault, pharmacienne : Consultez avant d'acheter

Nous avons rencontré la pharmacienne Andrée Thiffault lors d'une entrevue le 18 avril dernier. Cette pharmacienne de Québec explique comment pratiquer l'automédication avec un minimum de danger pour la santé. Selon elle, il suffit de demander l'avis d'un pharmacien, qui est justement là pour conseiller ses clients.



vendredi 20 avril 2012

Combien de médicaments en vente libre?

Selon la pharmacienne Andrée Thiffault de la pharmacie Yves Boissinot et Andrée Thiffault à Québec, ce n'est pas la majorité des médicaments qu'elle offre qui sont en vente libre. En fait, ce ne serait que 20 % d'entre eux. Elle soutient cependant que les proportions peuvent être différentes d'une pharmacie à l'autre, mais, que la proportion de médicaments en vente libre en toujours inférieure à celle sur ordonnances.

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Entrevue avec Mme Christine Thoër: L’automédication 2.0

Internet semble être un outil très pratique pour s’automédiquer. Toutefois, Christine Thoër, responsable de l'axe Internet et santé du Réseau de recherche en santé des populations du Québec (RRSPQ), explique que l’encadrement de l’Internet santé n’est pas encore au point.

Comment savoir si l’on peut faire confiance à un site?
La première chose à faire est de regarder quels sont les auteurs à l'origine du site. Si ce n'est pas clairement indiqué, il faut se méfier. Si le site offre des services marchands, il faut aussi faire attention. Le discours est sans doute promotionnel. L'achat en ligne peut aussi présenter des dangers, car la qualité des médicaments livrés n'est pas garantie. Il existe des systèmes d'accréditation tels le code Health on the Net (HON code) qui identifie les sites répondant à un certain nombre de critères de qualité.

Les autorités de santé publique encadrent-elles bien la diffusion d’information sur la santé sur internet?
La caractéristique du Web 2.0, c'est que tout le monde peut devenir producteur d'information. C'est une grande richesse (multiplicité des points de vue), mais c'est aussi une limite à l'encadrement de cette information. Les autorités de santé publique doivent tout de même tenter des formes d'encadrement, en cautionnant des sites fiables, ou en favorisant des initiatives d'accréditation comme le HON code. Il faudrait aussi que les soignants et les institutions soient plus présents sur Internet.

Internet peut-il remplacer l’avis d’un médecin?
Non, c'est plutôt complémentaire. Souvent, les patients vont utiliser Internet pour mieux s'approprier le diagnostic et le traitement. Cela contribue à les rapprocher du médecin et de son message qu'ils comprennent mieux.

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Il existe plusieurs sites Internet qui permettent aux gens de s'autodiagnostiquer. Certains sites sont légitimes, alors que d'autres le sont moins. Mais, peu importe la légitimité, une visite chez le médecin est toujours un meilleur diagnostic.